Extrait de l’interview de Marc Olano avec Serge Tisseron :

Pour le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, l’empathie est de plus en plus menacée par des manipulateurs de tous bords. (…)
Une forte empathie affective (capacité d’identifier les émotions d’autrui) sans empathie cognitive (capacité à se mettre intellectuellement à la place de l’autre) ouvre la voie à toutes les manipulations possibles. Des études ont montré qu’un appel aux dons pour des enfants pauvres avait beaucoup plus d’impact s’il était accompagné de photos qu’à travers un simple énoncé. Tout élément visuel est un puissant facteur de mobilisation affective. Aujourd’hui, l’information nous arrive de plus en plus de façon brute, à travers des images filmées au plus près de l’événement. Nous éprouvons l’actualité avec intensité, nous ne la comprenons souvent pas, et nous avons rarement un moyen d’agir sur elle. Certains en développent un sentiment d’impuissance dépressive. D’où l’idée de se replier sur son pré carré. Pour éviter cela, il faut lutter contre l’infobésité, sélectionner ses sources d’information et privilégier la compréhension à la consommation d’images chocs.
(…) On assiste à une tendance générale au repli communautaire. L’empathie se limite de plus en plus aux personnes de son propre groupe. C’est un dangereux retour en arrière.

Lien vers l’interview par Marc Olano pour le magazine Sciences humaines